lundi 23 juin 2014

Petite Nature


Ce midi, j'ai déjeuné dans un endroit tellement chouette que je n'ai même pas eu à sortir mon roman russe de deux fois mille pages pour me tenir compagnie. Et j'ai eu envie d'en parler aussitôt rentrée.
Ça s'appelle Petite Nature et je trouve ça charmant de transformer une expression malveillante (rapport aux professeurs d'EPS tellement détestés au collège) en une promesse délicate.
Il y a un mur vert menthe, des suspensions scandinaves vintage, des chaises années 50, des coussins dépareillés, des affiches qui parlent de l'été à Copenhague et plein de petites plantes dans des tasses Mobil ou Acapulco, comme à la maison.
Il était difficile de choisir entre le futomaki riz complet-légumes et la tarte carottes-sarrasin alors j'ai opté pour le Bol Dragon, à cause du nom et du souvenir des interminables mercredis matins de l'enfance, doux-amer comme la réglisse, un goût dont je n'arrive pas à dire si je l'aime ou pas. Par contre, le Bol Dragon, qui mêlait joyeusement patate douce rôtie, concombre mariné, carottes râpées, orge perlé, jeunes pousses toutes tendres et cake à la courgette tout moelleux, était ravissant et délicieux, avec plein de petits assaisonnements pimpants sur les légumes. En dessert, il n'y avait plus de brownie mais de toute façon, le fromage blanc à la compote et au granola maison me faisait très envie sur la table d'à côté. A boire, un thé vert trié sur le volet, parfaitement infusé, mais j'avais hésité avec le jus du jour, un mélange de bons fruits bios (ce lundi c'était orange, citron, ananas, banane, framboise et menthe) mixés à la demande. Goûte a dit ma voisine ravie à son amoureux après en avoir siroté une gorgée. Mmmm la menthe, fut la réponse de l'amoureux.
C'était l'heure du rush à mon arrivée mais les deux jeunes femmes qui s'occupent de l'endroit, tablier rose pâle et foulard dans les cheveux à l'appui, ont fait preuve de calme et d'attention pour chacun, ce qui adoucit grandement l'attente.
J'ai eu droit à un petit muffin aux myrtilles et groseilles du jardin pour finir mon thé et je savais déjà que je reviendrai très bientôt, et j'ai presque hâte à cet automne, quand on viendra avec G. se réchauffer les mains autour d'un latte préparé avec le café si particulier d'Hippolyte Courty

Petite Nature, 1 place de la Rotonde à Rennes. C'est ouvert du lundi au vendredi de 8h à 17h, et ça me réconcilie un peu avec ma ville endormie...

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vendredi 13 juin 2014

La vie clafoutis


Pour ne pas céder à l'énervement facile bien que justifié (fréquentation assidue de l'hôpital en tête de liste, je n'entre pas dans les détails), je conseille de faire un clafoutis aux cerises (dénoyautées. Ça occupe et c'est quand même plus simple à manger).
Ici, nous aimons le clafoutis de la mamie de G. qui portait des jolis tabliers et le prénom d'une héroïne shakespearienne.

Sa version a une texture de flan et un goût très simple, lacté et fruité, très doucement vanillé. Il est vraiment bon bien froid, avec un thé bien chaud, pour vivre les contrastes autrement que dans les poumons. Il se défend aussi avec une tasse de chocolat au petit-déjeuner parce que le cacao donne de la profondeur au goût des cerises.
La mamie de G. connaissait la recette par coeur mais elle me l'avait recopiée sur une feuille de cahier 96 pages. Je n'ai plus besoin de la consulter pour la mettre en pratique. Essayez, vous verrez.
Commencez par choisir une émission radiophonique. Mon choix s'est porté sur Mathieu Amalric chez Laure Adler. Si j'avais été à la place de Laure, je me serais abstenue de faire des remarques sur ses amoureuses et après le récit de sa première anecdote, aux funérailles de Jean-Paul Sartre, j'aurais plutôt demandé Mais vous avez remarqué que vous tombez très souvent dans vos films aussi ? Mais l'heure était au clafoutis et j'ai remballé à regret mes ambitions d'intervieweuse.
Commencez par beurrer copieusement un plat à gratin, puis dénoyautez un petit kilo de cerises, que vous mettez au fur et à mesure dans le plat.
Fouettez trois oeufs avec 150g de sucre blond de canne.
Versez 150g de farine et mélangez bien.
Ajoutez deux verres de lait frais, puis un verre généreux de crème fraîche, épaisse et entière, mélangez bien entre chaque.
Versez cet appareil sur les cerises.
Saupoudrez toute la surface d'un voile de sucre vanillé (maison), parsemez de toutes petites noisettes de beurre.
Faites cuire à four très doux (140°-150°), environ une heure, jusqu'à ce que le dessus soit doré, craquelé, caramélisé.

Si le clafoutis ne suffit pas, j'ai d'autres conseils de printemps !
-revoir Les amours imaginaires et passer trois journées à chantonner Le temps est bon/Le ciel est bleu/J'ai deux amis/Qui sont aussi mes amoureux...
J'ai d'ailleurs un super test pour savoir si je vais bien m'entendre avec quelqu'un. Je glisse au détour de la conversation C'est pas parce que c'est vintage que c'est beau ! et j'attends de voir. Sauf que je suis obligée de constater que ça ne marche pas très bien (une façon de dire que je ne m'entends avec personne...)
-lire La ballade d'Hester Day de Mercedes Helnwein et retenir son souffle le long des trois cents pages. Vous n'êtes pas prêts d'oublier le super personnage d'Hester, une fille dotée d'une lucidité et d'un sens de la répartie fulgurants. En roue libre sur les routes nord-américaines, elle éprouve ses convictions et sa liberté à bord d'un camping-car déglingué avec son mari fraîchement rencontré au volant et son petit cousin à l'arrière.
-s'absorber dans le visionnage de La fabrique du Conte d'Eté, pour voir Rohmer au travail (mais aussi en boîte de nuit) et surprendre la tristesse, discrète et douce, dans le regard d'Amanda Langlet, le dernier jour du tournage.
Et puis, dans un autre ordre d'idées, porter des sandales et des robes à manches courtes, se dire qu'on va revoir des amis qui sont loin, glisser beaucoup de menthe fraîche dans la carafe de thé glacé.

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